Quand tout est urgent, comment savoir quoi traiter en priorité ? C’est à cette question que répond la méthode WSJF. Elle a pour objectif de prioriser les tâches à effectuer. Elle utilise des données objectives pour rationaliser la prise de décision dans la gestion de projet. Comment les entreprises peuvent-elles utiliser cette technique de priorisation pour mieux organiser leur production ?
WSJF : définition
Le cadre de priorisation WSJF (Weighted Shortest Job First) a été inventé par Don Reinertsen, auteur de plusieurs livres sur le développement de produit et président du cabinet de consulting américain Reinertsen & Associates.
Le WSJF est une méthode mathématique qui permet la hiérarchisation des priorités dans les cadres de fonctionnement agiles et SAFe. Un calcul basé sur des éléments objectifs apporte une note de priorité sur chaque élément du backlog de produit (ou product backlog), la liste des tâches à réaliser dans le cadre de développement du produit.
Les éléments clés du calcul sont le coût du retard et la taille de chaque tâche. Voyons maintenant en détail comment réaliser ce calcul.
Comment fonctionne le calcul WSJF ?
Le coût du retard
Cette première donnée estime la gravité des conséquences si la fonctionnalité n’est pas développée immédiatement. Elle se compose de 3 éléments :
La valeur commerciale
La valeur commerciale estimée pour l’utilisateur et son impact sur le chiffre d’affaires.
L’échéance d’un projet et sa criticité
Quel est le degré d’urgence à mettre la fonctionnalité à disposition de l’utilisateur ? Plus la date butoir de réalisation approche, plus le score de cet élément est élevé.
La réduction des risques ou la création d’opportunités
Quelle est la capacité de cette fonctionnalité à réduire, voire annuler des risques (comme l’instabilité ou la sécurité) ?
Quelles sont les tâches qui n’apportent pas directement de revenu dans l’immédiat, mais qui apporteront de la valeur à plus long terme ? Prenons quelques exemples : la maintenance, qui doit être effectuée à temps, la prise en compte des dimensions juridiques ou l’étude des besoins des utilisateurs.
Plus le coût du retard est élevé, plus les impacts de ce retard sont négatifs.
La taille de la tâche
Il s’agit d’attribuer à chaque tâche un score relatif selon sa taille, sa durée et sa complexité.
Le calcul du score WSJF
Pour réaliser le calcul WSJF, le chiffrage du coût du retard et de la taille de la tâche doit être fait avec une même échelle, comme une note de 1 à 10.
Le score WSJF est le coût du retard divisé par la taille de la tâche.
Plus la valeur est grande, plus elle est prioritaire. Autrement dit, les tâches dont le score WSJF est le plus haut doivent être réalisées en premier.
La formule WSJF expliquée avec un exemple
L’entreprise « Business aventures » développe un site internet de réservation de séminaires d’entreprise en plein air. L’équipe produit utilise la notation WSJF comme matrice de priorisation, pour décider des tâches à réaliser dans les 5 prochains sprints. Le product backlog contient les éléments suivants, entre autres :
Construire l’arborescence du site en intégrant les préconisations de l’agence SEO (ou référencement naturel)
Assurer l’uniformité de la présentation de chaque prestataire de séminaire sur la page du site qui lui est consacrée
Intégrer les photos réalisées sur les sites des prestataires de séminaire
Assurer la sécurité des paiements en ligne avec une agence partenaire
Mettre en place le CRM marketing et le lier au site
Traduire les composants de la plateforme de marque dans les contenus du site
Concevoir les emails transactionnels et les lier à des actions sur le site
Décider du parcours utilisateur à retenir parmi 3 possibilités proposées par le product manager
Feature | Coût du retard | Taille de la tâche | Score WSJF |
4 | 10 | 2 | 5 |
8 | 10 | 3 | 3,3 |
1 | 10 | 5 | 2 |
L’équipe a calculé le coût des retards de chaque élément, en donnant une note de 1 à 10 à chaque élément selon sa valeur commerciale, l’échéance du projet et la réduction des risques. Elle a ensuite divisé le résultat par la taille de la tâche en question. Le score WSJF final a déterminé que les 3 tâches à plus fort impact sont la sécurisation des modalités de paiement, la décision sur le parcours utilisateur et la construction du menu du site.
Ce sont ces éléments que la matrice de priorisation sélectionne. Dans cet exemple, c’est surtout le coût du retard qui a obtenu des notes élevées, et surtout la valeur ajoutée, alors que le score de durée (ou taille de la tâche) reste assez élevé.
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L’application de WSJF dans un cadre SAFe (Scaled Agile Framework)
Les méthodes agiles telles que Scrum ou celle du Tableau Kanban sont des procédures de gestion de projet largement utilisées. Quand il s’agit de mener des projets de grande ampleur ou à l’échelle d’une entreprise entière, c’est la méthode SAFe qui aide les organisations à adopter une meilleure priorisation.
La méthode du score WSJF est issue de la méthode SAFe. La formule WSJF s’applique donc très bien dans un projet de grande taille qui fonctionne en mode agile : elle fournit une approche structurée et transparente en fonction de l’impact économique des tâches.
Avantages et limites de la méthode WSJF
La mise en œuvre du score WSJF présente à la fois des avantages et des limites pour les parties prenantes.
Les avantages de la méthode WSJF
Les facteurs de notation sont des critères objectifs et mesurables, ce qui renforce la clarté et la transparence dans les prises de décision.
Le score WSJF prend en compte la réduction des risques et l’impact des retards.
Ce cadre de décision stimule l’efficacité.
Les équipes bénéficient d’un alignement stratégique dirigé vers les « quick wins » et les tâches à fort impact.
La priorisation minutieuse est conçue pour atteindre le meilleur équilibre financier tout en diminuant les ressources à investir.
Les limites de la méthode WSJF
La formule WSJF n’est pas adaptée aux tâches de faible importance.
La mise en œuvre d’ateliers WSJF nécessite des ressources (temps, rencontre des parties prenantes, etc.)
L’attribution des scores pour chaque élément peut être subjective.
Les données utilisées pour attribuer les scores peuvent être d’une fiabilité relative. Comment estimer précisément la valeur commerciale d’une fonctionnalité qui n’est pas encore mise à disposition des utilisateurs ?
Les biais cognitifs comme le biais de conformité peuvent induire le risque d’une mauvaise priorisation.
WSJF et les autres méthodes de priorisation
Parmi les méthodes de priorisation multicritères, les plus importantes à retenir sont les suivantes :
Eat the Frog
La technique Eat the Frog (avaler le crapaud) consiste à identifier les tâches les plus complexes et à les réaliser en premier. Les tâches à prioriser selon cette technique de priorisation et de productivité sont celles qui participent à la stratégie de l’entreprise, à ses résultats clés, ou qui prennent plusieurs heures.
ICE
La méthode ICE (Impact, Confidence, Ease) analyse l’impact sur la croissance, la confiance dans le succès de l’exécution et la facilité selon les ressources et la main-d’œuvre nécessaires.
Le calcul : Impact x Confiance x Facilité = Score ICE
RICE
RICE (Reach, Impact, Confidence, Effort) considère la portée (selon le nombre de personnes concernées par la mise en œuvre), l’impact sur le produit final, la confiance dans le succès de l’exécution et l’effort représenté par les coûts salariaux.
Le calcul : Portée x Impact x Confiance divisé par Effort = score RICE
MoSCoW
La méthode MoSCoW (Must, Should, Could, Won’t) place les tâches à réaliser en 4 catégories : Must-have (les éléments indispensables), Should have (les tâches qui apportent de la valeur ajoutée, mais ne sont pas indispensables), Could have (les tâches à plus-value, mais à moindre impact sur le projet) et enfin Won’t have (les tâches moins importantes).
WSJF
Comme nous l’avons vu plus haut, la matrice de priorisation WSJF (Weighted Shortest Job First) utilise 4 critères : la valeur commerciale, l’échéance d’un projet et sa criticité, la réduction des risques ou la création d’opportunités et la taille de la tâche.
Ces techniques sont classées de la plus simple à la plus complexe dans leur mise en œuvre.
Conseils pour mettre en place la méthode WSJF dans votre entreprise
Le concepteur de la formule WSJF indique que les sessions de priorisation doivent être menées avec une équipe de 5 à 11 personnes. L’attribution des scores doit être normée suite à une discussion avec toutes les parties prenantes. En effet, la transparence dans la prise de décision est un facteur de succès important dans cette méthode.
Concrètement, à l’intérieur de chaque sprint d’une durée de deux semaines, un cycle de priorisation est mis en place. Le score de priorisation expire après 5 itérations et une nouvelle attribution de score WSJF est mise en place.
Pour faciliter les ateliers WSJF, vous pouvez utiliser les tableaux de bord d’un CRM. Vous aurez un outil personnalisé et collaboratif qui pourra être couplé avec des rapports d’activité et simplifier le suivi de chaque tâche.
Pour conclure
Le WSJF est une méthode de priorisation du backlog qui permet d’aligner les efforts et les objectifs clés dans le développement d’un produit. Grâce à cette technique de hiérarchisation des fonctionnalités d’un produit, les équipes se concentrent sur les tâches qui apportent un maximum de valeur en un minimum de temps.
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